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samedi 3 mars 2012

Baseball 101. Ou comment démystifier le baseball

Sherlock Holmes en aurait certainement été fasciné à tenter de démystifier ce sport. Après plusieurs années à avoir joué, dirigé, observé, à m’entretenir avec des dépisteurs, joueurs, gérants, instructeurs ; amateurs et professionnels ; ma perception de ce sport a drastiquement changé. Et encore, je n’ai certainement pas fini d’en apprendre. 

Athlètes hors du commun

Une saison de baseball, c’est un long marathon où les plus durs s’en sortent pendant que les autres tombent au combat à la mesure que les jours s’égrainent. 40 jours de camp, 162 matchs, un jour de congé par semaine, parfois au deux semaines,  les séries pour certains, les séances de conditionnement, les « BP » avant chaque match, les séances vidéos, les voyages dans trois fuseaux horaires, et là, je ne parle pas des muscles qui travaillent sur chaque lancer. Ce qui n'est pas visible du regard. Car jouer chez les pros, ce n'est pas comme jouer dans la ligue du Bon Buveur de St-Athanas. Les balles viennent très rapidement. Les joueurs, en position, sur la pointe des pieds, doivent sur chaque tir anticiper un déplacement, ce qui par réflexe fait bouger les muscles sans même y penser. Il y a la dextérité, l'incroyable vitesse des mains et de l'oeil alors que les frappeurs ne voient pas la trajectoire de la balle en continue lorsqu'ils frappent; C'est scientifiquement trop rapide pour l'oeil. Le frappeur dans la MLB, voit la balle par séquence. Un peu comme un photo-flash. Le frappeur n'a que 1/4 de seconde pour décider de s'élancer sur une rapide de 90 MPH. Imaginez l'ajustement quand ce tir est un changement de vitesse à 82 ou une courbe après avoir reçu une rapide ou lorsqu’il a anticipé celle-ci? Les frappeurs tentent donc de se donner une petite chance de plus en cherchant plus ou moins de blanc sur la balle lorsqu’elle est dans la main du lanceur ou en observant ses gestes. Ce qui donne une idée du type de tir qui s’en vient.  Le temps de réaction en défensive est aussi écourté à la mesure qu'ils graduent. Il y a toute une différence entre jouer à l'arrêt-court dans la ligue des recrues, au A- au A, au A+, au AA et au AAA, encore plus arrivé dans les majeures.

Pas en forme ?

Les temps ont changé. Les joueurs s’entrainent, même en hiver, parfois trop. Si vous n’êtes pas encore convaincu, c’est que vous avez encore en tête « le gros bedonnant » en mauvaise forme. Mais il faudra arriver en 2012 un jour. Gardien de but du Canadien, Lorne « Gump » Worsley allait dans les buts à moitié saoul à une époque. Les joueurs faisaient les cent coups, et passaient plus de temps dans les bars qu’à jouer au hockey. Certains fumaient. Puis, quant au gros bedonnant, je vous laisse aller dire aux joueurs de ligne de la NFL qu’ils ne sont pas en forme en raison de leur gabarit ( Moi je vous attends ici.).

De moins en moins de joueurs présentent un surplus de poids au baseball. Et comme au football, ces joueurs sont souvent à une position où l’agilité est moins nécessaire. Ils sont là pour leur coup de bâton, ou encore au monticule. Ce qui ne les empêche pas d’être des joueurs performant en raison de leur capacité à être constant. Ce qui n’est pas donné à tous pendant 162 matchs.

La dureté du mentale

Cette expression popularisé chez-nous au hockey, prend tout son sens au baseball. Le sport le plus éprouvant entre les deux oreilles. Performer tous les jours pendant 162 matchs, c'est un défi enorme! C'est pourquoi certaines équipes s'écrasent après le match des étoiles. Plus la saison avance plus c'est difficile. Les séquences de défaites en mai et juin, ça va, mais après le match des étoiles, ça peut être néfaste pour le moral des troupes. Il en est de même sur le plan individuel. Une léthargie, ça vous remet en question, mais vous devez vous en sortir. « Ai-je changé ma façon de m’élancer ? Ma position est-elle encore la même ? Est-ce que je vois moins bien la balle ? C’est mon alimentation ? Ai-je changé de bâton ? Mes souliers ? Suis-je trop penché, pas assez, plus ou moins qu’avant ? Vais-je perdre mon poste ? Ai-je croisé un chat noir ? (Bah oui, certains sont superstitieux). » C'est la même chose à tous les niveaux, et encore plus au baseball affiliés. Puisqu’en plus tu dois compétitionner avec les autres joueurs de ton équipe pour un poste dans le grand show. Pas évident n'est-ce pas d'atteindre les majeures? Des millions de joueurs, et moins de 900 élus capables, au minimum pour certains, de juste pouvoir tenir une partie de la route dans cette jungle de la MLB. Être bon ne suffit pas. Il faut être encore mieux. Être parmis les meilleurs d'entre les meilleurs, il faut être un demi-dieu.   

Erreur 10

Les mordus le savent, mais s’il y a une erreur que fait souvent l’amateur de sport en général en regardant le baseball, c’est de mettre son cerveau à « off ». Au hockey, tu ne te casses pas trop la tête, tu suis l’action et la rondelle. Au baseball, quand on s’assoit dans les gradins, on doit chercher l’action. C’est le sport par excellence pour les gérants d’estrade. Pourquoi, on ne fait pas réchauffer un tel lanceur ? Pourquoi pas un amorti ? Un vol de but ? Pourquoi on se place ainsi en défensive ? Pourquoi on ne retient pas le coureur ? Frappeur gaucher ou droitier ? Pourquoi un frappeur suppléant, ou non ? Quel tir s’en vient ? Etc. On ne peut pas analyser le baseball avec les mêmes commentaires qu’au hockey. Sur 162 matchs, il arrive qu’un gérant « sacrifiera » un match pour laisser reposer certains joueurs, ou pour simplement ajuster sa rotation et son alignement à l’adversaire suivant. Tout en espérant l'emporter, demain sera plus important qu’aujourd’hui. Et encore. Ce qui est vrai en juin, ne le sera plus en septembre alors qu’on s’usera à la corde s’il le faut pour une place en séries.

Le sport de la nuance

Il n y a pas de vérité absolue au baseball. Ce que l’on sait, c’est qu’on gagnera 60 matchs, qu’on en perdra 60. Toutes les équipes connaissent une séquence de défaites. Une période creuse. Mêmes les meilleures. L’inverse est aussi vrai. Ce sont les 42 autres matchs qui feront la différence. Ceux qu’on échappe sur une erreur, qu’on revient de l’arrière pour gagner, ce match de mai ou d’août où on a laissé les buts remplis deux fois, ou ce duel de lanceurs à qui clignera des yeux le premier, qu’on a remporté sur un simple opportun en jouant du baseball de base impeccable.

Le baseball, c’est à la fois complexe et simple. Merveilleux et fascinant.  

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